Sa nouvelle vie n’avait pas la saveur qu’elle devait avoir. Normalement, Harry Potter était censé jouir de cette liberté retrouvée, maintenant qu’il n’y avait plus la menace constante de Voldemort qui planait au-dessus de lui. C’était bien cela le souci : il n’avait plus de but. Sans pour autant dire qu’il avait le syndrome du super héros, Harry ne savait pas vivre autrement qu’en étant constamment harcelé par le danger puisqu’il n’avait jamais vécu sans. La première menace avait été incarnée par les Dursley et Harry avait cherché pendant les onze premières années de sa vie à se sortir de cette spirale infernale dont il était l’esclave. Puis, une fois qu’il goûtait à la liberté en apprenant qu’il avait du sang sorcier qui coulait dans cette veine, on la lui reprit immédiatement en lui faisant part de l’existence de Voldemort et des vraies circonstances dans lesquelles ses parents étaient morts. Pendant six longues années, sa vie n’avait tourné qu’autour de la destruction de Voldemort en plus de ses cours à Poudlard. Pendant six longues années, il avait dû se battre, mener une scolarité très différente des autres élèves à cause de cette menace. Et maintenant qu’il en était débarrassé… que lui restait-il ? Un vide gigantesque, si vertigineux qu’il en avait parfois le vertige. N’allez pas croire qu’il s’attristait de la mort de Voldemort, mais au moins, son existence d’avant avait du sens. Plus que celle qu’il menait présentement. Il déprimait parce que son monde lui manquait, ses amis aussi (en particulier Ron et Hermione) et plus que tout encore, l’aventure. Ses cours actuels ne l’intéressaient pas du tout. Les amitiés qu’il tentait de lier, non plus. Tout paraissait artificiel en réalité. Harry avait des sursauts d’envie de faire des efforts, mais ils s’amenuisaient chaque fois au bout de quelques heures. Personne ne valait la peine de faire l’effort, estimait-il, comme personne ne pourrait saisir le côté dramatique et traumatisant de tout ce qu’il avait personnellement vécu. Il se sentait continuellement incompris, déjà qu’il avait eu cette impression par moment dans son univers. Il avait déjà perdu trop de temps, loupé tant de bonnes choses à cause de Voldemort. Il n’avait tout simplement plus le temps d’en perdre.

Toutefois, la solitude qu’Harry s’était imposée (consciemment ou inconsciemment) commençait à sérieusement lui peser. Parce que ce n’était clairement pas une personne introvertie ou solitaire contrairement à ce qu’il laissait sous-entendre. Si la menace l’avait constamment suivi, en revanche, dès qu’il était entré à Poudlard, il n’avait plus jamais été seul ou isolé. S’il avait réussi dans sa quête, c’était uniquement grâce au soutien et à l’aide des gens qu’il avait croisés sur sa route et avec lesquels il avait noué de profonds liens. Des amitiés de ce genre lui manquaient atrocement. Harry Potter n’était pas fait pour être seul. Il l’avait trop été pendant onze ans. Quand il s’était rendu à l’évidence, il se dit qu’un changement d’appartement ne serait peut-être pas du luxe étant donné que sa chambre d’étudiant lui donnait de douloureux arrière-gout de sa chambre situé dans le placard à balai des Dursley. Pour pallier sa solitude, il s’était donc, en toute logique, mis à rechercher des collocations. Il en visita beaucoup, sans grand succès. Harry était exigeant et surtout, dès que le feeling ne passait pas, il ne préférait pas s’attarder. Après des semaines (qui pouvaient se compter presque en mois) d’âpres recherches, Harry tombait sur une annonce qui visiblement était la perle rare. Au vu des photos, l’appartement était très bien situé en ville et la chambre bien plus spacieuse que celle qu’il avait actuellement. Il prit contact avec la personne qui louait par messages. Il la trouvait pompeuse et prétentieuse pour pas grand-chose, mais soit. Ca pourrait faire l’affaire. Autant se déplacer parce que l’appartement avait l’air de valoir le coup. Le rendez-vous était pris pour le lendemain, vers dix-huit heures, après les cours de Harry.

Comme convenu, après son dernier cours, il ne traina pas pour rejoindre les quartiers nord de la ville. S’il n’était pas stressé, Harry espérait en revanche que la visite soit concluante comme il commençait à être sérieusement fatigué de les enchainer sans grand succès. Étrangement, il avait bon espoir. Étrangement, lui qui pourtant avec une bonne intuition en général, il ne savait pas à quel point il se fourvoyait. Une fois qu’il eut trouvé l’immeuble et qu’il se retrouvait devant la porte de l’appartement, il toquait sans réfléchir. Il tomba de trois étages quand il vit la personne qui se trouvait derrière. « C’est une blague ? » Son visage s’était immédiatement fermé et refroidi. Draco Malfoy. Fais chier. Il aurait du se douter que, derrière les initiales DM à la fin de l’annonce, ça ne pouvait être que lui. Mais comment aurait-il pu… ? Il avait une chance sur un milliard de tomber sur lui ! Si Harry était agacé, il ne pouvait s’empêcher de le toiser avec un léger dédain, s’armant de sarcasme : « Depuis quand tu fais la charité, Malfoy, en louant ton appartement possiblement à n’importe qui ? T’as pas peur de te retrouver avec des sang-de-bourbe, voire pire, des moldus, maintenant ? Bizarre. » Harry était de toute évidence dur avec Draco en l’attaquant avec autant de véhémence froide. Peut-être trop dur. Peut-être injustement. Surtout qu’il devait son salut à sa mère, Narcissa. Mais Draco n’était pas censé le savoir. Puis, cela faisait longtemps que Harry ne voyait plus qu’un mangemort en Draco, surtout depuis l’incident à la tour d’astronomie. Il regrettait de ne pas s’être cassé une jambe en venant ici, ça lui aurait évité la désagréable surprise de le voir et surtout de le savoir également dans cette ville étrange. Il n’avait plus qu’une seule envie : celle de partir.

Depuis quelques semaines Draco a vu défiler plein de gens qui venait visiter l'appartement, loin de là que ça l'enchante, mais il n'avait terriblement pas le choix. Lui qui vivait dans le luxe le plus total, lui qui n'avait juste qu'à claquer les doigts pour qu'il a ce qu'il veut, le voilà réduit en étudiant précaire en mangeant que deux fois par jour parfois moins. Il a aussi eu l'idée stupide de prendre un appartement à la hauteur de ses moyens, et encore, il le trouve petit même sa chambre d'enfant est trois fois plus grand que ce taudis. Quand il avait emménagé, il y avait déjà une étudiante et une autre femme en colocation, l'une étudiait en psychologie ultra-végane qui le faisait chier dès qu'il se faisait un œuf au plat et une autre une religieuse fanatique qui avait en horreur la magie. Ils partageaient le loyer en trois, mais la patience de Draco a atteint sa limite au bout de trois semaines seulement. Inutile de préciser comment il s'est débrouillé pour les faire fuir son comportement de connard y est pour quelque chose ; il est a eu à l'usure. C'était long et fastidieux, mais au moins, elles sont parties pour de bons.

Ce qu'il n'avait pas pensé, c'est qu'il n'a pas les moyens de payer un loyer entier à lui tout seul, il fallait faire une annonce. Et par Merlin ! Qu'est-ce que c'était chiant d'utiliser un ordinateur. Il a dû s'y prendre au moins neuf fois avant de remplir correctement son annonce, il ne s'est pas foulé en mettant d'anciennes photos de l'appartement. Il était tout sauf... impeccable. Bof. De toute manière, ça sera l'occasion de voir si ses futurs colocataires sont capables de le supporter ou non. En même pas d'espace de vingt-quatre heures, il a eu une dizaine de réponse, il ne répondait à ceux qu'il jugeait acceptable pour sa personne pour un rendez-vous, mais... Pendant des semaines il y a eu des défilés de personnages aussi agaçants les uns que les autres, d'autres sont jugés comme potables, mais qu'ils ont refusé à cause des règles arbitraires et absurdes que Draco imposait. Plus les jours passent et plus l'échéance du loyer est proche, il ne pouvait pas se permettre d'avoir un loyer en retard. Il avait une dernière visite. Cette fois-ci, ça va être la bonne. Il va juste lui demander son salaire et s'il ou elle est trop chiant.e avec lui, il aura l'usure comme ses deux écervelées qu'il lui servait de bonnes à tout faire. Dès que la personne frappa à la porte, il inspira pour se donner du courage et ouvra la porte.

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Par les couilles de Merlin ! « C’est une blague ? » Oh oui, il aurait préféré que ça soit une blague lui aussi. Est-ce que le fait que la religieuse fanatique qui la menacée d'aller en enfer pour que sont voeu a été exaucé et qu'il se retrouve réellement en enfer pour se retrouver face à Potter ? Il blêmit d'un coup comme s'il pouvait encore devenir plus blanc que son cul. Il était d'un coup submergé par un flot d'émotions contradictoires, parmi les gens de son passé qu'il voudrait volontiers oublier, c'était bien lui. Draco détourna les yeux, il fuit son regard, il ne veut pas regarder Potter. Il fuit encore comme le lâche qu'il est dans toute sa splendeur. C'était pour lui d'échapper à des souvenirs trop douloureux, il s'est écoulé quatre ans après la bataille de Poudlard, les blessures sont encore vives, et les mots de Potter qui lui rappelle ô combien le connard, il était. Oui. Il est encore toujours, la preuve avec ses colocations ratées, qu'il a fait exprès de rater parce qu'il est autodestructeur. Il ne mérite pas à vivre avec quelqu'un, il ne mérite rien. La réponse claqua dans son esprit, nette et dure. Il est incapable de supporter ce qu'il y avait en lui. Potter tout comme sa marque des ténèbres lui rappelle tous les mauvais choix qu'il a pris, il lui rappelle de mauvais souvenirs.

Il ouvre la porte en grand pour le laisser rentrer, ou non, il lui laisse le choix de s'en aller. Par pitié, casse-toi, il en serait très heureux. « C'est bon, tu as fini ? » Souffla-t-il agacé. Il avait besoin désespérément que le loyer soit payé, après cela, il le foutra à la porte, c'est juste un mauvais moment à passer. « Et toi, Potter. Ton statut d'Elu de Saint-Potter ne te sert à rien à ce que je vois comme personne ne sait qui tu es, tu es obligé de quémander des appartements comme tout le monde. » Il pourrait faire mieux en termes d'insultes, mais il est fatigué, littéralement et moralement fatigué. Harry remarquera qu'il n'a pas trop osé le regarder, il n'était, peut-être, pas même pas très convaincant. « Après toi. » Il s'écarte pour le laisser rentrer.