Cela faisait deux mois désormais que j’avais osé franchir le cap en embrassant Nick. Je ne le regrettais pas puisque depuis ce fameux bal auquel on s’était rendus le soir de la Saint-Valentin on sortait ensemble. J’étais très heureuse qu’on forme un couple, même si je ne pouvais m’empêcher de m’inquiéter. Surtout quand je voyais mon copain se sentir coupable par rapport à sa compagne, celle qu’il n’avait jamais retrouvée en un an et demi. Je ne savais donc pas sur quel pied danser ni quoi faire quand il cogitait à propos de son ex-histoire d’amour. En fait, je serais mal placée pour lui donner des conseils. De plus, bien que je le garde pour moi, je ressentais toujours un gros pincement au cœur dans ces moments-là. Je me doutais bien qu’il n’avait pas encore fait le deuil de son ancienne relation, mais alors que devais-je penser de la nôtre ? Est-ce que le "fantôme" de Lucy allait rester et possiblement gâcher ce qu’il y avait entre nous ? Trop de questions sans réponses se bousculaient dans ma tête, toutefois je refusais d’aborder le sujet avec mister Danielson, par peur qu’il ne la choisisse elle – même si elle n'est pas présente – plutôt que moi. Après tout, notre idylle n’existait que depuis quelques semaines. C’était sûrement rien en comparaison à côté de celle qu’il avait entretenue avec cette femme.

Serait-ce à cause de tout ceci que j’avais eu envie d’aller faire du shopping aujourd’hui ? Ça serait bien possible en effet. En entendant le soupir du conducteur, je tournai la tête vers lui, me demandant ce qui lui prenait tout à coup. Au moins, ça eut le mérite de me sortir de mes sombres pensées. Ce fut à mon tour de soupirer. Je ne l’avais quand même pas obligé à accepter. Certes, j’avais un poil insisté, mais uniquement parce que c'était moins sympa d’aller faire du lèche-vitrines seule. Cependant si j’avais su avant que ça embêtait autant mon meilleur ami, alors j’aurais fait sans lui. « Je ne t’ai pas forcé la main Steve. Si tu m’avais dit que ça te dérangeait, j’aurais pris les transports en commun pour me rendre au centre commercial. » Après tout, je les avais beaucoup utilisés depuis mon arrivée dans cette ville, donc je ne me serais pas sentie perdue. Mais, maintenant qu’on était sur le parking de toute façon, il était trop tard. Encore que, mon collègue pouvait toujours rentrer chez lui s’il préférait. Je sortis de son véhicule et claquai la porte – doucement puisque je ne voulais pas être brute – tout en regardant mon acolyte qui tentait de se défiler. « À cette heure-ci ? T’as pas mangé au moins avant de partir ? » Répondis-je surprise de voir s’il songeait déjà à s’empiffrer. Puis je ris en secouant la tête. J’étais assez d’accord avec le point de vue du jeune Harrington. « On ira tout à l’heure si tu veux. Mais avant ça, j’aimerais me trouver quelques tenues. Pour ça, j’aurais besoin de ton avis d’expert. » Dis-je en lui souriant tout en le brossant dans le sens du poil. Cela dit, je ne mentais pas pour autant, je pense sincèrement qu’il a bon goût concernant les vêtements. Sans oublier aussi que lui et moi on craque tous les deux pour le même genre de garçons – physiquement du moins, car Nick et son sosie n’ont pas du tout une mentalité similaire. C’était peu le dire étant donné qu’ils sont diamétralement opposés. Heureusement d’ailleurs parce que Billy ne me correspondrait pas. On n’arriverait pas à s’entendre et je ne le supporterais pas tout simplement. Cependant, ça semblait convenir au brun bien que parfois il se plaigne du comportement de son amant.

Nous nous engouffrâmes dans le centre commercial. Comme je savais exactement où je souhaitais aller, je me dirigeai aussitôt vers la première boutique de vêtements – par chance abordable au niveau des tarifs – qui se présenta à moi. En effet, j’avais bien envie d’agrémenter davantage ma garde-robe. Dans l’idéal, je désirerais également que ces nouveaux habits me mettent bien en valeur et que ça plaise à l’homme que j’aime. Nous fûmes à peine dans le petit magasin que Steve me parla de Nick. Apparemment, l’autre vendeur était bien curieux. « Parce qu’il bosse sept jours sur sept. Il doit bien faire tourner son hôtel. Il n’a pas les moyens d’engager du personnel. C’est bien pour ça d’ailleurs que je l’aide là-bas dès que je peux. » Sauf actuellement alors que j’avais besoin de prendre un peu de temps pour moi. Mais quand je rentrerai, je lui filerai un coup de main afin de lui retirer une charge de travail. Tout en arpentant les allées, je regardais ce qu’il y avait de beau ici, vérifiant également les tailles des articles. Lorsque je trouvais quelque chose de plutôt pas mal, je le posais sur mon bras, même si pour l’instant je n’avais pas eu un réel coup de cœur pour quelque chose. « Pourquoi tu me demandes ça ? J’ai l’impression depuis tout à l’heure que ça te soûle d’être là avec moi. Je ne voulais pas que tu te forces à venir pour moi… » Oui, j’avais cette sensation qu’il mettait de la mauvaise volonté, ce qui n’était pas sympa à mes yeux. « Si tu t’es senti obligé de m’accompagner et que ça t’ennuie, tu n’es pas dans l’obligation de rester. J’aurais bien aimé que tu m’aides à choisir des fringues, c’est vrai, mais je sens bien que tu préférerais être ailleurs… » Je ne pouvais pas lui en vouloir si tel était le cas, mais j’aurais apprécié qu’il m’en fasse part plus tôt, parce là je me voyais comme une affreuse amie qui n’était pas assez fun. OK, c’est notre jour de repos, mais normalement en tant qu’amis on ne devrait pas ressentir ce genre de choses désagréables qui nous donne le sentiment d’être minable aux yeux de l’autre. Peut-être que je me faisais un coup de parano, car j’étais moi-même perdue et que je me sentais impuissante dernièrement à cause de la culpabilité qui rongeait mon copain. « À toi de voir ce que tu veux faire. » Dis-je en me reconcentrant sur mon accompagnateur. « Je vais déjà aller essayer ça. » Libre à lui de partir ou de rester maintenant. Quant à moi, après avoir localisé les cabines, j'y filai directement et rentrai dans l'une d'elles dont je fermai le rideau avant de me changer.

Rose était en train de voir ce qu’elle allait porter aujourd’hui pour sortir. Malheureusement, elle n’avait plus rien à se mettre et ce fut pour cela qu’elle décida de partir faire une virée shopping. Bien sûr, elle n’irait pas seule puisque la jeune dhampir a réellement envie de profiter d’un bon moment avec le codeur, Keys. Avec celui-là c’était pire qu’une barbe à papa en sucre. Il était mignon, sexy et ce regard, surtout avec ces lunettes d’intello, pouvait vraiment faire craquer la brune. Cela faisait un moment qu’elle avait fait le « deuil » de sa relation inexistante – et vouée à l’échec de toute façon – avec Dimitri, donc pourquoi ne pas en profiter pour vivre quelque chose avec un gentil garçon ? Keys lui rappelle parfois Mason. Son meilleur ami était parfait, même si physiquement il n’était pas réellement son type, bien qu’il fût craquant. Alors voir Keys qui possède toutes ces qualités était probablement un message venu de Dieu lui-même pour autoriser Hathaway à se laisser aller. Lissa l’aurait poussé d’ailleurs à se reprocher de ce beau mâle. Tu n’as pas le choix Keys ! Tu dois venir avec moi et si tu es sage, peut-être que je ne te perdrais pas en route. Il répondit donc qu’elle l’avait convaincu et qu’ils se retrouveraient là-bas. Je serai dans la boutique de fringue, tout de suite sur la droite quand tu rentres par l’entrée numéro 2. Je te dis à tout à l’heure ! Je t’aime ! Bisous !

Rose posa son mobile sur le lit avant de mettre ses vêtements. Ce fut-là qu’elle se rendit compte de la bourde qu’elle venait de sortir. Venait-elle réellement de dire à Keys qu’elle l’aimait ? Son visage se décomposa et elle fit une grimace. *Il sait déjà que je suis folle, mais là ça va vraiment être pire…* Se mit-elle à penser pendant qu’elle se mettait du baume à lèvre et qu’elle coiffait ses cheveux longs et bouclés. *Au pire, j’aurais qu’à assumer. Comme toujours…* Ce n’était pas comme si elle n’avait pas déjà dit ou fait quelque chose qui avait été mal interpréter par quelqu’un. Tant pis, elle verra bien et au pire, elle ferait taire ses sentiments, comme elle avait essayé avec Dimitri. Ce ne serait pas nouveau pour elle.

La dhampir sortit donc de son appartement et se rendit au centre commercial avant d’entrer dans la boutique qu’elle avait parlé avec Walter. Peut-être était-il déjà là ? Elle commença à arpenter les rayons, à la fois soulagée ou frustrée de ne pas voir le garçon. Puis, se disant qu’elle allait finir par regarder dans les rayons des femmes en l’attendant, elle finit par l’apercevoir, seul. Il était dans le rayon pour homme. Ah ! Te voilà ! Ecoute, je sais pas ce que tu as entendu au téléphone, mais la ligne marche super mal en ce moment et… Tu sais quoi ? On s’en fou ! Et puis zut ! Se dit Rose alors qu’elle ne fit même pas attention que ce garçon n’était pas du tout celui auquel elle pensait. Elle prit donc le col de sa veste et se mit à l’embrasser pour lui faire comprendre des sentiments qu’elle pouvait avoir pour lui.

Aujourd’hui étant en repos, Walter n’était donc pas sur son lieu de travail, mais tout simplement chez lui. Comme la plupart du temps, il était occupé sur son ordinateur. Keys finalisait la refonte du jeu qu’il avait créé à l'origine avec Millie avant d’atterrir dans cette ville. Devant s’en charger seul cette fois, ça lui avait pris énormément de temps. Malgré tout, il avait très bien avancé en un an et demi. Il n’y avait plus que quelques petites bricoles à régler ainsi que des fonds à trouver. Après ça, et si tout va bien, Free Life pourra être mis de nouveau en service. Tout ce qu’espérait le jeune homme, c’était que la jolie Rusk ne prendrait pas mal le fait qu’il se soit permis de relancer leur création en son absence. Qui sait ? Grâce à cela, peut-être que la blondinette refera surface. Ça serait vraiment génial si ça venait à se passer ainsi.

Actuellement, le brun était en train de répondre à un mail qu’il avait reçu et qui provenait d’un banquier. En effet, il y a quelque temps de ça, le programmeur avait déposé un dossier pour demander un coup de pouce financier. Pour l’instant, il attendait toujours de savoir si on allait lui accorder une aide ou non. Alors qu’il venait tout juste de cliquer sur "envoyer" son portable se mit à vibrer non loin de sa souris. Il jeta aussitôt un œil pour voir de quoi il s’agissait, c’est là qu’il constata qu’il avait un appel de la jolie Rose. Cette fille qui lui avait sauvé la vie peu après leur arrivée dans cette ville. Il décrocha donc en souriant et écouta la brunette qui lui imposait carrément une séance shopping en sa compagnie, ce qui le fit soupirer, car il n’avait pas du tout prévu de sortir s’adonner à cette activité aujourd’hui. « Très bien. Puisque je n’ai pas le choix… » Répondit-il tout en fermant sa boîte mail. « Il ne manquerait plus que ça que tu t’amuses à me semer dans les rayons ! » De toute façon, si elle lui faisait cet affront, il irait faire un tour ailleurs et elle n’aurait pas à se plaindre de ne pas le retrouver. « OK, tu m’as convaincu. J’te rejoindrai directement sur place. » Ensuite, la demoiselle lui indiqua avec exactitude dans quelle boutique elle comptait aller. Il n’avait plus qu’à retenir tout ceci. Du moins s’il y parvenait, parce que là le pauvre garçon bogua complètement. Il avait bien entendu ou miss Hathaway venait de prononcer les trois petits mots magiques ? Elle coupa la conversation dans les secondes qui suivirent et c’était sans doute mieux ainsi, car Walter de toute manière n’aurait rien répondu, trop sous le choc tant il ne s’attendait pas à cela. Surtout qu’à ses yeux ça sortait de nulle part étant donné qu'il n’avait jamais remarqué le moindre signe évocateur qui aurait pu lui faire penser que son amie ressent plus que de l’amitié à son égard.

Quand l’effet de surprise commença à se dissiper, McKey éteignit correctement son PC fixe. Après s’être levé de sa chaise, il attrapa son téléphone qu’il rangea dans la poche de son jean. Tout en soupirant, le geek se dirigea donc vers l’entrée. En y arrivant, il prit une veste qu’il posa sur son bras. Il récupéra également son trousseau de clés puis sortit de chez lui. Une fois à l’extérieur, il verrouilla la porte avant de se rendre à sa voiture dans laquelle il monta. Il déposa son habit sur le siège passager, s’attacha, démarra puis roula jusqu’au centre commercial.

Arrivé à destination, Keys coupa son moteur, se détacha, récupéra ses clés puis descendit de son véhicule en enfilant sa veste. N’ayant pas particulièrement besoin de ses lunettes, il les glissa dans leur boîtier et rangea tout ceci dans sa poche intérieure. Ensuite, il ferma à clé sa voiture et les mis dans l'une des poches libres de son jean avant de marcher jusqu’à l’entrée numéro deux, celle que lui avait indiquée la petite brune tout à l’heure par téléphone. *Qu’est-ce qu’elle a dit déjà ? À gauche ou à droite ?* Voilà qu’il doutait, étant donné qu’il avait été perturbé par ce que Rose avait sortit juste après lui avoir donné l’information dont il avait besoin. À présent à l’intérieur du centre commercial, le codeur chercha du regard la boutique de vêtements. Assez rapidement, il repéra une enseigne avec des habits en vitrine. Était-ce là qu'il devait rejoindre la jeune Hathaway ? Il n'y avait plus qu'à croiser les doigts pour que ce soit bien ça.

Tandis qu’il était en train de se lancer à sa recherche en arpentant les allées du petit magasin, Rose – du moins c’est ce qu’il crut pendant quelques instants – se planta en face de lui. Bien qu’il n’ait pas ses lunettes sur son nez, il observait scrupuleusement la fille devant lui et tiqua en remarquant la robe fleurie et colorée qui faisait penser au printemps. Ce style vestimentaire ne correspondait pas à son amie. D’ordinaire, elle est très majoritairement habillée en noir ou avec des couleurs foncées. Là, ça n’avait rien à voir. De plus, l’attitude corporelle ne collait pas non plus. Idem pour les cheveux qui étaient plus clairs. « Ah te voilà ! J’te cherchais ! Qu’est-ce que tu penses de ça ? » En entendant, la voix de la demoiselle – qu’il ne reconnut pas – Keys eut bien la confirmation que ce n’était pas la miss pour qui il avait développé des sentiments au fil du temps. « Bonjour ! Vous faites erreur sur la personne, mais votre tenue vous va très bien ! » Répondit poliment le brun en faisant un petit sourire, même s’il n’en revenait pas de cette énorme ressemblance entre son crush et l’inconnue. Cette dernière arqua un sourcil en le fixant comme si elle était en train de l’analyser. « Tu me fais une blague Steve ? Toi aussi finalement tu souhaites changer ta garde-robe ? » Nerveusement, le programmeur passa légèrement sa langue sur sa lèvre. « Désolé, mais je confirme, vous vous trompez. Je ne m’appelle pas Steve. D’ailleurs, je cherche mon amie qui pourrait passer aisément pour votre sœur jumelle. » Son interlocutrice fronça les sourcils un instant. « Oh ! Désolée. OK, je vois... Encore une histoire de sosie. » Dit-elle avant de prendre un air choqué tandis qu’elle regardait quelque chose plus loin. « Je crois qu’on a trouvé ceux qu’on cherche ! » Rajouta-t-elle en pointant un doigt derrière McKey. Aussitôt, il fit volte-face, et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il vit l’autre brune en train d’embrasser un garçon. Bien sûr n’ayant pas ses lunettes sur lui et parce que celui-ci lui tournait le dos, il ne put constater que le fameux Steve lui ressemblait très fortement. Par contre, il reconnaissait très nettement la dégaine de Rosemarie et son cœur se brisa dans sa poitrine face à ce spectacle. Pourquoi fallait-il toujours que les filles pour qui il craque échangent un baiser avec un autre que lui ? Évidemment, ça lui rappelait Millie qui avait eu une aventure avec Guy alors que ça faisait des années qu’il l’aimait en secret. Il pinça ses lèvres entre elles, essayant de faire bonne figure malgré qu'il soit dans le mal.

Ce n’était guère agréable pour moi de constater – du moins c’était l’idée que je m’en faisais suite au soupir lâché par mon ami – que Steve aurait préféré ne pas m’accompagner dans ma virée shopping. Puis, j’esquissai un petit sourire lorsque le brun m’indiqua qu’il ne m’aurait pas laissée prendre les transports en commun, ce que je trouvais mignon. « C’est gentil, mais ça ne m’aurait pas dérangée, tu sais… » Répondis-je afin qu’il sache que ça n’aurait pas été un problème pour moi. Ensuite, je secouai la tête d’un air amusé au moment où mon acolyte m’expliqua qu’il aura faim tout à l’heure – quand j’aurai fini mes emplettes – et qu’il prévoyait pour le moment venu. « OK, tu peux y réfléchir si tu veux, mais je ne te laisserai pas mourir de faim de toute façon. » Surtout que moi aussi j’aurai possiblement besoin de manger dans quelques minutes ou heures, donc il n’avait aucun souci à se faire à ce sujet. Je souris à mon interlocuteur qui accepta de me suivre à l’intérieur du centre commercial pour m’aider à trouver des fringues sympas, même si je sentais qu’il se forçait – probablement pour me faire plaisir.

Une fois dans la boutique de vêtements, tout en discutant avec mon meilleur ami, je pris plusieurs tenues dans le but de les essayer un peu plus tard. Pour l'instant, je n’avais pas véritablement flashé sur des habits en particulier, mais qui sait ? Peut-être qu’en les passant sur moi quelque chose trouvera grâce à mes yeux. J’avais expliqué au jeune Harrington pourquoi mon petit copain n’avait pas pu m’accompagner. Mais juste après, je n’avais guère pu m’empêcher de dire tout haut ce que j’avais sur le cœur. Au moins, maintenant il savait que je n’étais pas dupe et que j’avais parfaitement compris qu’il n’avait pas envie d’être avec moi. Après lui avoir fait part de ceci, je n’avais pas cherché à rester plus longtemps auprès de Steve. Il pouvait s’en aller s’il le désirait, car je n’allais pas le retenir contre son gré.

Changée, affublée d’une robe d’été légère et assez colorée, je sortis de la cabine d’essayage et me lançai à la recherche de mon collègue. Je ne savais pas s’il était encore dans les parages ou non, mais je fus contente de voir qu’il était resté finalement. Je me hâtai donc de le rejoindre et de lui demander son avis sur ce que je portais actuellement. En discutant, je finis par me rendre compte qu’en réalité je n’échangeais pas avec Harrington, mais avec son sosie. Ça me faisait tout drôle d’ailleurs de me trouver en face de ce garçon qui ressemblait trait pour trait à mon ami. Pourtant, je me fis bien vite à la situation étant donné que j’avais connaissance du fait que les sosies étaient monnaie courante dans cette ville. La preuve, mon petit copain en avait bien un qui n’était autre que le crush de Steve. Ce dernier à présent en avait un. J’informai brièvement mon interlocuteur qui ne comprenait peut-être pas à quoi je faisais allusion, vu que lui-même paraissait surpris que j’aie le même physique que son amie. J’en déduisis forcément que moi aussi j’avais un double. Ce dont je me rendis compte quelques secondes plus tard lorsque je remarquai effectivement ma "jumelle" – comme la nommait l’inconnu – en train de passer du bon temps avec mon meilleur ami. Ce qui m’étonnait d’ailleurs un peu, car depuis X mois le brun n’avait d’yeux que pour son fameux Billy, alors j’avais du mal à saisir ce revirement de situation. Tandis que j’assistais au spectacle, je tournai un instant le regard vers l’autre brun qui semblait en avoir gros sur le cœur.

Lorsque nos sosies eurent fini de s’embrasser, je ne pus capter qu’une bribe de ce que disait Steve, n’ayant entendu que la fin. « Hey Steve ! » Fis-je assez fort pour le faire réagir. Quand enfin il se retourna, je repris la parole. « Ça va ? Tu t’amuses bien avec… » J’ouvris des guillemets avec mes doigts. « … moi ? » Demandai-je en refermant les guillemets. « Oh ! De mon côté j’ai trouvé ton jumeau caché ! » Ajoutai-je en souriant avant de me remémorer quelque chose. « Pour ton information, je pense chaque seconde à Nick. » Dis-je en me rapprochant, entraînant – en posant ma main en haut de son dos – avec moi le pauvre garçon dont je ne connaissais pas encore le prénom afin qu’on puisse rejoindre nos amis respectifs. « Et toi t’as songé à Billy ? » Après tout, je n’avais guère vu qui avait initié ce baiser, bien que maintenant que les paroles que j’avais captées il y a quelques instants résonnaient dans ma tête. Je devinai qu’en fait ça devait être la brune qui avait dû lancer les hostilités. Maintenant que j’étais bien en face de cette fille, je la détaillai du regard l'espace de quelques secondes puis je m'adressai à elle. « Salut, moi c’est Sam ! » Me présentai-je poliment avant d'observer les autres. « Comment tu t’appelles ? » Cherchai-je à savoir en fixant cette fois l’ami de la brunette.

Après avoir passé du temps au téléphone avec Keys et avoir ris de ce qui s’était dit entre eux, Rose ne savait plus du tout où se mettre. La plaisanterie concernant le fait qu’elle perdrait le codeur dans les rayons de la boutique était de nouveau encore plus tentant. Etant un mec, il devrait sûrement avoir du mal à en sortir, non ? La brunette verra bien comment cela se passe.

Une fois dans la boutique, elle se dirigea donc dans les rayons et aperçu rapidement Keys avant de venir l’embrasser. Elle ne savait pas exactement ce qu’il racontait, pourquoi il était désolé. Autant dire qu’elle ne lui laissa pas du tout le choix de s’exprimer puisque ses lèvres étaient déjà plaquées contre les siennes. C’était un baiser vraiment doux, assez sympa, bien qu’étrange. Elle n’aurait pas imaginé ça concernant le brun, surtout pas avec ce qu’elle ressentait pour lui. Keys finit par cesser le baiser et Hathaway l’observa alors, surprise par ce qu’il sortit. Sam ? Nick ? fit-elle, interloquée, ne comprenant d'où pouvait sortir ces noms.

Puis le regard de la dhampir bifurqua sur deux personnes qui se trouvaient derrière le brun, comme si un miroir avait été installé là, ce qui figea un instant la jeune femme. Elle avait l’impression de se voir son reflet, sauf que celui-ci bougeait et n’était pas du tout habillé comme elle. Son autre elle, son… sosie ou jumelle parlait à Steve qui n’était autre que l’homme que Rose venait d’embrasser. Ce qui voulait dire que l’autre garçon qui ressemblait étrangement à Keys n’était pas du tout un sosie, mais Keys lui-même ? Et qu’elle avait embrassé un inconnu ? D’où le fait qu’elle n’ait rien senti de particulier dans leur baiser... Ok, c’était vraiment bizarre et super flippant. Je ne sais pas qui est ce Nick, mais je te le laisse. Et attendez deux minutes ! Tu t’appelles vraiment Steve ? Demanda confirmation Rose en observant attentivement celui qu’elle venait d’embrasser.

Je m’appelle Rose. Se présenta à son tour cette dernière quand la dénommée Sam fit de même. Puis son attention retourna sur le véritable Keys. Keys… Fit-elle en petit sourire avant de se rapprocher de lui. J’ai bien cru que c’était toi ! Tu m’avais pas dit que tu avais un jumeau canon. Commença Rose en tournant quand même le regard sur les deux sosies masculins. C’est trop génial cette ressemblance ! Tu es codeur toi aussi ? Demanda Hathaway à Harrington avant d’observer Sam. Il y a pas à dire, même quand ce n'est pas moi, je suis plutôt canon en fait. S'amusa Rose sans se douter un instant qu’elle avait pu faire du tort à ce pauvre Keys à cause de ce baiser donné par erreur.

Keys qui n’avait déjà pas vraiment envie de sortir de chez lui pour venir ici à la base, le regretta encore plus à cause de ce baiser qu’il aurait préféré ne jamais voir. S’il avait su cela, il serait resté à la maison où il aurait continué à bosser sur Free Life. Ça lui aurait évité de sentir son cœur se déchirer. Sensation plus que désagréable et qui le mettait mal, même s’il tentait de ne rien laisser transparaître. En effet, il ne tenait pas à flancher face au sosie de Rose ni devant toutes les personnes présentes dans la boutique. Pourtant, le pauvre garçon avait comme une boule au creux de sa gorge. De plus, trop choqué et axé sur ce qui s’était produit sous ses yeux, il ne prêtait point attention à ce que racontait l’inconnue à ses côtés. S’il s’écoutait, le geek quitterait immédiatement les lieux, mais voilà que la brunette près de lui le poussa gentiment pour aller rejoindre les deux autres. Ce n’est qu’en entendant la voix de son amie que le codeur sortit de son hébétude, sans prendre la parole pour le moment.

À en juger par la réaction de la jeune Hathaway, elle n’avait pas l’air de connaître le fameux Steve. Ce qui voulait sans doute dire que ce n’était pas lui qu’elle avait cherché à embrasser, toutefois, ça n’enlevait rien au fait que le programmeur ait mal au cœur. Si bien qu’il laissa les deux filles se présenter l’une à l’autre, sans intervenir. Du moins, jusqu’à ce que Sam lui demande son prénom. « Vous n’avez qu’à m’appeler Keys. » N’aimant pas Walter, il préférait de loin lui révéler son surnom. Puis, quelques instants plus tard, la dhampir l’interpella, il l’observait alors en faisant un petit mouvement de bouche, peu à l’aise à cause de la situation actuelle qui ne lui convenait pas. À ce qu’elle ajouta, le garçon sentit son cœur s’emballer lorsqu’elle lui confia qu’elle pensait avoir affaire à lui. Ce qui confirmait ce qu’il avait imaginé un peu plus tôt, comme quoi c’était à lui qu’elle avait désiré donner un baiser, mais la chute fut brutale quand Rosemarie complimenta son sosie. McKey soupira et roula des yeux, vexé qu’elle trouve canon ce type. Il lui répondit tout en la fixant d’un air mécontent. « Eh ben non, c’était pas moi ! Et j’ai pas de jumeau ! » À moins que ses parents lui aient menti toute sa vie et qu’il ait été séparé à la naissance de l’autre brun, mais non ça ne pouvait être possible ! Il ne croyait pas du tout en cette hypothèse qu’il trouvait farfelue et grotesque. Et voilà que maintenant la brunette s’extasiait sur leur ressemblance, ce qui l’agaçait davantage. Non, il n’était pas d’accord avec elle. Ce n’était pas génial d’avoir un double. « Il manquerait plus que ça… » Ronchonna-t-il lorsque la demoiselle demanda à l’ami de la dénommée Sam s’il était codeur. Il croisait les doigts pour que son sosie ne soit pas du tout dans ce secteur d’activité, car sinon il aurait l’impression que l’univers se paie sa tête. D’ailleurs, plein de questions se bousculaient dans son esprit. Pourquoi celle pour qui il a des sentiments ainsi que lui-même venaient de tomber sur ces personnes qui pourraient passer pour leurs jumeaux ? Qu’est-ce que ça voulait dire ? Était-ce un mystère en plus lié à cette ville étrange ?

Après avoir montré son enthousiasme concernant la ressemblance entre les garçons, voilà que Rose réagissait pareil envers l’autre brunette qui était sa copie physique. Ceci arracha un rire à Walter qui ne pouvait qu’être amusé cette fois. Cependant, il était assez d’accord sur le fait que cette Sam était tout aussi jolie qu’elle, bien qu’elles n’aient pas vraiment le même style, mais au moins ça permettra de réussir à les différencier, car sans ses lunettes il y était déjà parvenu donc avec ça serait d’autant plus fragrant et facile. Pour l’heure, l’as en informatique n’avait pas échangé le moindre mot avec son double, n’en ayant pas envie pour l’instant. Il se sentait encore blessé, alors ce n’est pas lui qui fera le premier pas pour enclencher un dialogue avec l’autre brun.  

Un petit sourire étira mes lèvres lorsque mon collègue m’indiqua que ça irait avant qu’il ne me remercie tout ça parce que je ne comptais pas le laisser mourir de faim. Je serais une horrible amie si je ne prenais pas soin de lui, ce que je ne suis point malgré mes erreurs du passé. « De rien. » Répondis-je rapidement à mon acolyte. Puis, je commençai à chercher de nouvelles fringues en arpentant les allées de la boutique. Puis nous fûmes séparés l’espace de quelques minutes. Pendant ce laps de temps, j’avais fait la rencontre du sosie de Steve. Quant à ce dernier, j’avais découvert qu’il s’était bien amusé avec mon double. D’ailleurs, est-ce que ça voulait dire qu’au fond de lui mon ami aimerait qu’il se passe quelque chose entre lui et moi ? Je croisais les doigts pour que ce ne soit pas le cas, car de mon côté je ne ressentais rien de plus que de l’amitié pour Harrington. En effet, mon cœur étant déjà pris par Nick, il m’était impossible d'être amoureuse d'un autre que lui.

Lorsque j’interpellai mon meilleur ami, je ne pus me retenir de rire en voyant l’expression sur son visage. Sa réaction contrastait clairement avec celle de l’autre garçon à mes côtés. Je ne savais pas ce qu’il pensait exactement, mais j’avais de la peine pour lui. « Apparemment… » Dis-je à la suite d’Harrington qui ne comprenait que maintenant que lui comme moi avions le droit aussi à un sosie chacun à l’instar de Billy et de mon petit copain. J’eus un sourire amusé quand Steve se défendit bien vite à propos du baiser qu’il avait échangé avec mon double. Après, il faisait ce qu’il voulait, qu’il pense ou non à son crush, ce n’était pas mon problème. D’autant plus que selon mon amoureux, le blond n’était pas quelqu’un de bien, de ce fait, je me rangeais à son jugement. « C’est mon copain. » Indiquai-je rapidement à la suite de l’autre brunette qui venait de me dire qu’elle me laissait Nick. Encore heureux, parce que j'aurais bataillé pour qu'elle ne me le vole pas. Je devais déjà composer avec "le fantôme" de Lucy, je n’avais donc pas besoin d’une rivale qui me ressemble trait pour trait. Un léger rire franchit mes lèvres au moment où mon acolyte avoua avoir apprécié s’être fait embrasser par "ma jumelle". Par contre, en jetant un œil vers le brun près de moi, j’arrivais à percevoir qu’il n’était pas du tout ravi de la conversation en cours. Ça se voyait comme le nez au milieu de la figure. Le pauvre devait avoir des sentiments pour cette fille.

Je décidai ensuite de me présenter à l’autre brune, même si elle avait déjà entendu mon prénom de la bouche de Steve un peu plus tôt, mais c’était mieux que j’officialise les choses. « Ravie de faire ta connaissance Rose. » Dis-je en souriant avant d’essayer de déserrer les dents du garçon à côté de moi qui n’était pas très loquace. « OK, eh bien, enchantée Keys. » Indiquai-je en gardant mon sourire. Puis j’écoutai l’échange entre les deux qui s’étaient embrassés il y a quelques minutes. Je n’en revenais pas de la façon dont mon double s’exprimait. Celle-ci était très directe, mais je remarquais que ça ne semblait pas plaire à Keys qui répondit de manière peu aimable à Rose. J'arrivais à ressentir qu’il y avait une sacrée tension dans l’air en cet instant. « T’en sais rien Steve, tes parents ne se sentaient peut-être pas d’élever deux bébés à ce moment-là. » Néanmoins, j’étais d’accord avec le reste, j’hochai donc la tête pour le montrer. « On dirait bien oui. » Ajoutai-je à sa suite avant de les laisser discuter entre eux jusqu’à ce que mon double s’adresse à moi et me fasse rire. « Merci. Tu l’es également. » Je ne pouvais dire le contraire puisque je la trouvais très jolie bien qu’on n’ait pas un style similaire à priori. Mais c’était probablement mieux ainsi, comme ça à l’avenir, les autres arriveront peut-être à nous différencier plus facilement. Surtout que même si nous partagions nos traits du visage, nos cheveux ne sont pas exactement pareils, ce qui était déjà un détail qui pouvait aider nos amis respectifs à nous reconnaître.

Si on lui avait dit qu’en venait ici elle allait tomber sur leur sosie, l’ancienne étudiante de la Vampire Academy n’aurait jamais cru. D’ailleurs, elle ne pouvait pas s’empêcher d’avoir un air contrit, désolée du baiser qu’elle avait échangé avec Steve. Comme d’habitude, elle avait agis su un coup de tête, mais c’était comme ça qu’on l’aimait, n’est-ce pas ? Ravie que ça t’aies plus Steve. J’ai trouvé ça chouette aussi, même si je me suis vraiment gourée… Elle avait foncé tête baissée sans même s’apercevoir de rien du tout. En apprenant que Nick était le fameux copain de Sam, elle comprit tout de suite. J'espère que tu as aussi bon goût que moi en matière de mec. Lâcha Rose qui était quand même contente que son double possédait un petit copain.

Rose entendit Sam se présenter, même si elle avait entendu le prénom par Steve un peu plus tôt. Pareil Sam. Contente, mais surprise. Au moins la brunette se doute que tout ça n’avait rien à voir avec des Moroïs ou des Strigoïs puisqu’ils n’étaient pas capables de ce genre de magie. Ensuite, Hathaway ne comprit pas du tout pourquoi Keys n’avait pas l’air d’être de bonne humeur. Était-ce dû à cause de ce qu’elle avait dit au téléphone tout à l’heure ? Parce qu’elle ne voyait pas réellement pourquoi il agirait de cette façon. Puis elle complimenta Steve, sans se douter que ce pauvre Walter n’appréciait pas du tout puisqu’elle n’avait pas les yeux collaient sur lui. La dhampir tourna la tête en entendant les paroles de Keys qui disait ne pas avoir de jumeau. Dommage. Sortit la jeune femme qui aurait trouvé ça excellent de penser qu’ils étaient jumeaux, même si Sam soulevait quelque chose d’intéressant. Je suis déjà passée devant, mais en tant que gardienne je n’ai pas le temps de jouer. Répondit-elle simplement à Harrington, bien qu’elle ne soit pas totalement gardienne, mais novice. Sauf que pour elle, même si Lissa n’était pas présente, elle restait sa gardienne et ferait tout pour la retrouver.

Hathaway avait des doutes, mais elle avait une forte impression que le codeur était jaloux. Non ? Elle verra plus tard, mais pour l’heure elle était trop contente de voir son sosie et regardait à quel point dans un autre style elle pouvait être sexy. Elle laisse alors les garçons discuter ensemble le temps de se focaliser sur Sam. Cette dernière la trouvait également canon, ce qui lui fit plaisir. Merci ! Tu es venue t’acheter des nouvelles fringues j’imagine ? Je peux te conseiller si tu as besoin de quelque chose pour toi. Je suis sûre qu’on peut trouver les tenues qui t’iront à merveille ! Comme ça on laissera les deux « pas jumeaux » discuter entre eux.

Walter essayait de rester de marbre face à la situation actuelle, pourtant à cause de l’échange entre son sosie et miss Hathaway, les propos de Rose le firent totalement bouillonner de l’intérieur. Si bien qu’il ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel. Le pauvre garçon était dégoûté. Pourquoi n’avait-il jamais de chance avec les filles ? C’était à se demander s’il n’était pas maudit ou quelque chose du style pour qu’à chaque fois qu’il a un coup de cœur pour quelqu’un la personne en question en embrasse un autre que lui. Forcément, ça lui rappelait Millie, ce qui n’était pas une bonne chose en cet instant. Un soupir franchit les lèvres du codeur quand la dhampir ouvrit la bouche pour discuter avec la seconde brune. Il était fortement irrité, alors c’était fort probable que tout ce que dirait son crush ne lui conviendrait point.

Bien qu’il ne soit pas à l’aise présentement, le jeune McKey finit par donner son surnom à la fameuse Sam qui semblait vouloir le connaître étrangement. Enfin, peut-être pas tant que ça puisqu’elle avait aussi tenu à ce qu'on lui dévoile le prénom de son double. Étant de mauvaise humeur, meurtri, le garçon ne répondit pas de manière très agréable à Rose. Était-il en train d’essayer de lui faire passer un message en agissant ainsi ? C’était possible, mais visiblement la brunette n’avait pas l’air de comprendre. « Pas du tout. C’est très bien comme ça ! » Avoir un jumeau ? Non ! Surtout pas si celui-ci avait le chic pour mettre le grappin sur les filles qui lui plaisent. En entendant le commentaire du dénommé Steve, le programmeur secoua la tête, exaspéré. Eh oui, il l’agaçait plus qu’autre chose. De plus, Keys n’avait aucun doute sur ses propres parents. Ils lui auraient annoncé s’ils avaient abandonné un enfant à sa naissance. Par contre, le fait que plusieurs personnes en ville aient un sosie était quelque chose d’assez intrigant, même si ce n’était pas ce qui importait le plus à Walter là de suite.

À la question que venait de poser l’autre garçon, Keys fit de gros yeux ronds. D’où sortait ce gars pour ne pas savoir ce qu’est un codeur ? Bon Dieu ça ne devait pas voler haut dans son esprit. « Je suis dans le domaine de l’informatique. Je travaille plus particulièrement pour perfectionner les jeux vidéo. Je suis là pour les optimiser et les rendre plus fluides. Je peux aussi bosser sur des sites internet ou des applications. » Essaya de répondre le petit génie en utilisant des mots simples puisqu’il avait bien deviné que Steve ne devait pas être trop calé. D’ailleurs, il n’était même pas sûr que ce dernier comprendrait ses explications. Lorsque son sosie se rapprocha et lui mit un coup de coude, McKey le regarda d’un drôle d’air, puis à ce qu’il osa lui souffler, il ne parvint plus à se maîtriser et explosa, pour la discrétion on repassera. « Après votre échange buccal ? Sans façon ! Je tiens pas à hériter de tes microbes ! Et puisque t'as tant aimé l'embrasser, vas-y recommence ! » Et voilà, il avait lâché une partie de ce qu’il avait sur le cœur depuis tout à l’heure, se fichant pas mal que les filles ou encore des clients l’aient entendu. « Vous savez quoi ? » Dit-il à l’intention des trois autres, mais plus particulièrement de Rose et du brun. « Faites ce que vous voulez étant donné que vous vous plaisez ! J’me casse, j’ai rien à faire ici de toute évidence… À la base, je voulais pas venir. » La prochaine fois, il fera en sorte de ne pas répondre favorablement aux désirs de mademoiselle Hathaway, ça évitera qu’il se retrouve avec le cœur en vrac. Sans attendre que qui que ce soit ouvre la bouche, Walter marcha vers la sortie de la boutique. Il n’y avait vraiment pas lieu qu’il reste dans les parages alors qu’il n’avait pas besoin de se racheter des vêtements.

Apparemment, l’autre jeune femme semblait avoir apprécié le baiser échangé avec mon ami. Cela me fit sourire d’un air amusé bien qu’en jetant un œil au sosie de Steve, je n’eus aucun mal à remarquer que ça ne l’enchantait pas. Aussitôt, je repris donc une bouille neutre, me sentant peu à l’aise pour lui. De plus, j’avais compris que la petite brune cherchait à embrasser celui qu’elle connaissait et non pas mon collègue. Je me mis à repenser à ce qu’elle avait dit, ainsi Harrington se débrouillait bien. Tant mieux pour lui, même si je n’allais pas me jeter à son cou pour vérifier. N’étant plus célibataire, je n’avais nullement besoin de ceci, surtout que folle amoureuse de Nick, il ne me viendrait pas à l’idée de le trahir. D’ailleurs, il se retrouva vite au centre de la conversation. De nouveau, mes lèvres s’étirèrent avant que j’ouvre la bouche pour répondre à mon interlocutrice. « Il est très beau oui ! Tu n’as qu’à demander à Steve, il pourra te le confirmer. Mon copain est le portrait craché du sien. » Je ne savais pas trop si on pouvait qualifier Billy de la sorte, mais après tout c’était de cette façon que mon frère de cœur le voyait.

J’étais plutôt contente de cette rencontre avec Rose qui m’avait tout l’air d’être fort sympathique. Du moins, du peu que j’avais pu constater jusqu’à maintenant. Je n'avais pas conscience de ce que mon sosie pensait de moi, mais je lui offris un petit sourire lorsqu’elle m’indiqua être ravie aussi de faire ma connaissance. Par contre, s’il y en avait bien un qui ne semblait pas heureux, c’était Keys qui n’avait guère pris la peine de m’accorder une réponse, mais ce n’était pas grave, je ne lui en voulais pas, ayant deviné qu’il était contrarié par ce qu’on avait vu un peu plus tôt. D’ailleurs, est-ce que ce garçon ne serait pas tout bêtement le jumeau de l’autre brun ? Qui sait ? Il faudrait mener l’enquête pour en avoir le coeur net. Bien que je meure d’envie de le découvrir, je me retenais de poser des questions étant donné que le double de Steve commençait à montrer ouvertement sa mauvaise humeur. C’est qu’il mordrait presque ! Je tournai mes yeux vers celle qui venait de préciser être gardienne, ce qui m’intriguait autant que mon acolyte. Je n’en louperai pas une miette si jamais la jolie brune décide de nous en apprendre davantage concernant cette part de sa vie.

J’étais on ne peut plus sincère en complimentant l’autre demoiselle. Cette dernière parut apprécier puisqu’elle me remercia, alors je lui adressai un sourire. « Oui ! J’aimerais refaire un peu ma garde-robe. » Je ne pris toutefois pas la peine de préciser que je cherchais à plaire à l’homme envers qui j'ai beaucoup de sentiments. « Oh ! Merci ! Ton avis pourrait m’être précieux. » Après tout, elle avait l’air d’avoir plus d’assurance que moi, donc elle devrait pouvoir m’aider à trouver ce dont j’ai besoin. Nous n’avions guère eu le temps de nous éloigner avec ma nouvelle "amie" étant donné que l’échange entre les deux garçons ne dura guère. Ça avait très vite tourné au vinaigre, ce qui m’arracha une grimace. J’avais bien senti tout à l’heure que Keys craquait pour Rose, je venais d’en avoir la preuve grâce à ce qu’il avait balancé à mon collègue. D’ailleurs, voilà que le codeur s’en allait. « Tu devrais peut-être rejoindre ton ami. » Suggérai-je gentiment à la brunette. Puis, je me tournai vers Steve et le pris par le bras avant de l’entraîner jusque devant les cabines d’essayage. « T’as vraiment pas compris ? » Demandai-je en soutenant son regard. « Je sais pas ce que tu lui as sorti au juste, mais s’il a explosé de cette façon c’est parce que Rose lui plaît. » Selon moi, c’était même probablement bien plus qu’une simple attirance. « Il a pas dû supporter de vous voir vous embrasser… Il est jaloux quoi. Enfin, c’est ce que je pense. » Précisai-je en lâchant le bras de Harrington. « Bouge pas, j'vais remettre mes vêtements. » Dis-je en retournant dans le petit espace où je m’étais changée tout à l’heure. Je tirai le rideau et fis volte-face afin de vérifier si mes affaires étaient encore là. Je soupirai en constatant que ce n’était pas le cas. Je ressortis aussitôt, heureusement je ne m’étais pas déshabillée. « Mes fringues ont disparu. Il faut que j’aille trouver un employé pour voir s’ils ont été mis de côté ou si on me les a volées. » Déclarai-je à mon ami. « Tu viens avec moi ou tu restes là ? » Demandai-je alors que je commençais à me diriger vers les caisses de la boutique.

Rose ne comprenait pas du tout la façon qu’avait de réagir Keys puisque pour elle, il n’y avait rien entre Steve et la jeune femme. Elle s’était trompée en l’embrassant et cela ne se reproduirait plus. De plus, elle avait toujours été du genre taquin et cela ne cessera jamais, surtout pour décoincer un peu la tête du cul des autres. Lorsqu’elle entendit Sam lui approuver que son petit ami était beau, un fin sourire apparut sur ses lèvres, mais elle fut quelque peu surprise d’apprendre que le copain de Steve était aussi un sosie de celui de Sam. Encore plus surprise d’apprendre que Steve était gay, ou bi. Attends un peu… Steve tu es gay ?

À la question d’Harrington, elle eut un sourire amusé. Je garde des gens spéciaux pour assurer leur sécurité, comme un garde du corps. Elle ne voulait pas leur dire qu’il était question de vampire ou toute autre créature puisque la brunette se doutait bien que personne ne la croirait et elle n’avait pas forcément envie de finir en asile. Keys était déjà bien au courant puisqu’elle avait protégé celui-ci d’une mort atroce. Elle avait ensuite demandé à un tatoueur de lui rajouter une étoile Moljina sur sa nuque pour montrer qu’elle avait vaincu un ennemi, bien que cela dépasse les gens de ce monde.

La dhampir laissa donc Walter répondre à l’autre brun sur ce qu’était un codeur tout en les écoutant avant qu’elle tourne son attention vers sa jumelle pour parler de vêtements. Au moins ce serait cool de pouvoir faire du shopping avec son sosie plutôt qu’avec un garçon qui n’y connaissait rien. D’ailleurs elles n’eurent pas le temps de parler plus longtemps que la réaction du codeur surprit totalement Rosemary qui ne s’attendait pas à ce genre de scandale. Pourquoi parlait-il que Steve pourrait l’embrasser de nouveau ? La brune était sou le choc et ne détacha pas son regard de son ami, en particulier quand il commença à s’en aller. Voilà qu’il nous fait un gros boudin… Miss Hathaway observa Sam quand celle-ci s’adressa à elle. Reste dans le secteur, je viendrai te donner mon numéro avant de partir ok ? Puis sans attendre elle courut pour rattraper McKey. Keys ! Attends ! Heureusement la jeune femme courait vite et se plaça devant lui en l’empêchant d’avancer. Qu’est-ce que tu viens de me faire comme crise de jalousie là ? Et si tu voulais pas venir, tu n’avais qu’à pas venir et m’envoyer un message !

Keys n’appréciait pas du tout le scénario que le sosie de Rose semblait imaginer. C’était hors de question qu’il découvre un jour ou l’autre que ce type ici présent est en réalité son frère. De toute façon, selon lui, que ce soit ses parents ou ceux du prénommé Steve, ils ne leur auraient probablement pas caché une telle chose, pas vrai ? Il n’allait pas commencer à douter au sujet de son père et sa mère. Le codeur refusait d’avoir un quelconque lien familial avec ce garçon qui lui sortait par les yeux. S’il n’avait pas embrassé miss Hathaway devant lui, ça aurait pu être différent…

En écoutant l’échange entre les deux brunettes, le programmeur crut comprendre que son double pourrait être homosexuel. Si jamais c’était vrai, ça arrangerait bien ses affaires, au moins il n’aurait pas à craindre que celle pour qui il a des sentiments finisse dans les bras de cet homme. En entendant ensuite son amie parler de son boulot, il esquissa un léger sourire. Contrairement aux deux autres, il savait exactement de quoi il retournait puisque quelque temps après son arrivée en ville, la jeune fille l’avait sauvé alors qu’il était en train de se faire attaquer par un vampire. Toutefois, bien qu’il ait le cœur en vrac, il n’allait point la trahir en dévoilant cette information qu’elle préférait garder secrète apparemment.

Vint ensuite le moment où le garçon à lunettes dût expliquer à son interlocuteur en quoi consistait son travail. « En gros, pour résumer grossièrement, ouais, c’est ça. » Inutile de rentrer davantage dans les détails, surtout qu’il n’avait pas trop envie de faire la conversation. Puis, il s’emporta à cause du comportement de son sosie qui avait réussi à le faire sortir de ses gonds. Keys foudroya du regard Steve qui lui demandait de se calmer. Il en avait de bonnes celui-là ! Peut-être que s’il avait été à sa place, il comprendrait ce que ça faisait de voir la fille de ses rêves en embrasser un autre. « T’as dit que t’as aimé, alors la joue pas victime des circonstances ! » Certes, il avait eu un mouvement de recul en repoussant la jolie Hathaway, mais il n’empêche que ça ne changeait rien à ce que ressentait le petit génie en informatique.

Ayant besoin d’être seul, McKey s’en alla rapidement de la boutique, ne voulant plus voir personne. Il entendit derrière lui la voix de Rose qui lui demandait de l’attendre, mais il n’avait pas l’intention de rebrousser chemin. Puis, finalement, elle le rattrapa assez vite et le bloqua. Il pinça ses lèvres entre elles et la regarda froidement. « Jaloux de ce gars ? Pfff non. » Il préférait de loin être ce qu’il est plutôt que d’avoir le même niveau que ce Steve. C’était peut-être mal, mais il ne le jugeait pas très intelligent. Du moins, de prime abord en tout cas puisqu’il ne le connaissait pas assez pour se faire une idée plus précise sur lui, et il ne souhaitait pas en apprendre plus, pas dans l’immédiat. « C’est toi qui as insisté pour que je vienne. Et je te cite "Tu n’as pas le choix Keys !" » Autant dire que le shopping n’est pas ma tasse de thé, donc il est clair que sauf en cas de nécessité absolue, j’esquivais le moment de me rendre dans les magasins. « J’aurais mieux fait de rester bosser chez moi… » En effet, ça m’aurait évité de me retrouver dans cet état, à souffrir à cause d’un baiser qui m’avait brûlé la rétine. Quelle vision d’horreur rien que d’y penser ça me mettait encore les nerfs en pelote.